Inedit 1 – Francesco et Loopo couverts de neige

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Vous vous demandez sûrement pourquoi Francesco et Loopo sont couverts de neige dans le Palais de l’Alhambra, au chapitre 5, alors qu’il fait beau et chaud ?

Voici en Bonus un passage inédit, raconté par Loopo, qui répond à vos questions :

« Cette nuit, j’ai fait une grande virée dans les collines autour de la ville d’Assise. J’ai couru comme un fou dans la forêt, et quand j’en suis sorti, la neige commençait à tomber. C’est rare, mais moi j’aime ça, la neige, les flocons qui tourbillonnent dans le vent, le grand silence blanc. Le froid mord les babines, fendille les coussinets, mais qu’est-ce que ça fait du bien !

A l’aube quand je rentre, je retrouve l’homme plein de bonté, celui que j’accompagne toujours, Francesco. Il est encore en train de reconstruire la vieille chapelle. En chantant, il porte de grosses pierres pour refaire les murs. J’aime bien, moi, quand il chante. Il me fait penser aux oiseaux qui venaient devant ma tanière lorsque j’étais jeune loup. Quand il me voit approcher, Francesco fait une énorme boule de neige et me la lance en riant. Clac ! Un bon coup de crocs, et la boule se transforme en poussière blanche étincelante. Je ne rate jamais une cible ! Francesco passe sa main dans ma fourrure et reprend son travail. Soudain, un bruit venu de la forêt capte mon attention, une sorte de plainte assourdie par la neige. Francesco a entendu lui aussi. Il me regarde car il se fie toujours à mes oreilles. Puis il me dit : – « Loopo, brave compagnon, conduis-moi je t’en prie jusqu’à celui qui nous appelle. » Encore une petite balade ? Je ne dis pas non. Même si moi, j’ai pas du tout l’impression qu’on nous appelle… Je retraverse l’étendue blanche qui entoure la chapelle, puis je m’enfonce dans la forêt. Francesco me suit de près.

On passe en silence sous les arbres revêtus de leur gros pelage brillant d’hiver. Puis d’un coup, on se retrouve juste devant un piège, un de ces pièges traîtres aux mâchoires de fer rouillé qui broient les pattes. Une biche couleur de sable s’y trouve emprisonnée. Elle se débat, mais elle ne fait que se blesser davantage. Moi, je pourrais facilement abréger ses souffrances… clac ! mais depuis que je mange en compagnie de Francesco, je n’ai plus envie de chasser. Bah, je laisse l’homme plein de bonté s’en occuper. Lui, il sait toujours ce qu’il faut faire… Il se met à genoux à côté de la biche, caresse son pelage couvert de sueur et de sang, et libère ses pattes en écartant les mâchoires de fer. Puis il sort d’une poche de son grand habit des herbes qu’il applique sur la blessure de la coureuse des bois. Je l’appelle comme ça parce que je fais souvent la course avec les biches, mais ce qui m’énerve, moi, c’est que j’arrive pas souvent à gagner… Tout en soignant la blessée, Francesco commence à parler. Il a sa voix qui glisse au cœur des animaux. La première fois que je l’ai entendue, sa voix a fait sauter en quelques minutes la grosse croûte qui blindait mon cœur. J’ai pas pu résister. Quand l’homme de bonté parle, tout le monde s’arrête pour l’écouter.

D’ailleurs, la biche ne gémit déjà plus, elle écoute Francesco. Elle a oublié sa peur et sa douleur. Deux renards qui couraient dans la neige se rapprochent pour écouter aussi. Un rouge-gorge se pose sur une branche toute proche. Puis un moineau gris, un petit moineau de rien du tout que je reconnais, se perche carrément sur l’épaule de l’homme de bonté. Francesco parle avec ses mots qui nous rendent légers. Il parle de frère Soleil, de sœur Lune, du grand Roi, oui surtout du grand Roi. Il nous dit de bien l’aimer, et de toujours être dans la joie. Moi, je sais pas pourquoi, mais je pourrais rester des heures à écouter Francesco, même comme ça dans la neige, avec les pattes congelées…

Mais qu’est-ce qui leur prend ? Tout à coup, le moineau gris se met à s’agiter, et Francesco se relève brusquement. Il aide la biche à faire quelques pas dans la neige, vérifie qu’elle tient bien sur ses pattes, et s’excuse de ne pouvoir rester plus longtemps auprès d’elle. Puis il la salue d’une caresse, salue également les deux renards, le rouge-gorge, avec une famille d’écureuils qui s’étaient joints à la troupe. Et il passe autour de mon cou le gros collier de cuir que je n’aime pas en me disant : – « Loopo, ami fidèle, en d’autres lieux on nous appelle. Pardonne-moi ce collier, mais il est l’unique moyen pour que tu viennes là où je vais. Allons ! Ils ont besoin de nous. » Alors comme ça, d’un coup, moi et Francesco on a quitté la forêt, la neige, le froid… et on s’est retrouvés dans un immense Palais, bouillant comme un four ! Il y avait là des enfants, et d’autres humains antipathiques… Grrrrr ! Ceux-là, j’ai tout de suite eu la permission de leur croquer les mollets !!! »

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